Un peu d'histoire...

Plusieurs églises se sont succédées en ce lieu où la célébration du culte est probable depuis le XIIIème siècle. L’ancienne église St Jacques est au moins la troisième église paroissiale de Montrouge.
Ce bâtiment, déjà mal en point en 1788 passa fort mal la période révolutionnaire et fut interdit pour vétusté en 1809. C’est dans ces conditions que fut construite l’église de 1823 à 1828. 

On accédait à l’intérieur de l’église par un emmarchement rectangulaire qui débordait largement sur le trottoir. Cette église garda bonne figure jusqu’à sa démolition qui, cette fois-ci, n’eut pas pour cause la vétusté !

Dans les années 1930 en effet, le principal carrefour de Montrouge où se trouve la mairie fut l’objet d’un vaste aménagement qui devait tenir compte de l’augmentation de la population et de la densité croissante de la circulation. L’église : bâtiment et emmarchement, fut frappée d’alignement. Un accord intervint entre la municipalité et le diocèse pour la démolition de l’église et la construction d’un nouvel édifice. Celui-ci serait plus vaste, mais très en retrait par rapport à l’ancien bâtiment.

D’autre part la municipalité avait entrepris la construction d’un imposant immeuble administratif surmonté d’un haut beffroi. On ne sait si l’architecte a tenu compte de ce bâtiment pour la conception de l’église, mais force est de constater que leurs volumes et leurs formes combinant des parallélépipèdes sont comparables et que la comparaison se serait imposée davantage si le clocher-porche prévu, de plus de 55 mètres de hauteur, avait été édifié. Les dates des différentes étapes de la construction des deux édifices sont étroitement imbriquées laissant un avantage d’antériorité d’un an à deux ans pour le bâtiment municipal.

C’est le dimanche 5 décembre 1937 que le Cardinal VERDIER procéda à la bénédiction de la nouvelle église St Jacques Le Majeur.

Le projet et la réalisation de la nouvelle église furent confiés à l’architecte Éric BAGGE dans le cadre des Chantiers du Cardinal. Son choix se porta sur le béton armé. Le chantier fut confié à l’un des meilleurs spécialistes de ce matériau, la Société des grands travaux en béton armé.

 

L’ossature du bâtiment est assurée par des portiques qui dégagent sous eux une hauteur de 20 mètres. Ce sont ces portiques qui déterminent les volumes de la nef et du chœur dont l’ensemble a 52 mètres de long et une largeur de 13,25 mètres pour la nef et de 12,50 mètres pour le chœur. Ces portiques sont reliés par deux sablières. Une sablière basse de plus d’un mètre de hauteur, qui n’est perceptible que de l’intérieur, porte le mur rideau constitué de plaques de béton préfabriquées. Une sablière haute courant aussi d’un portique à l’autre sur toute la longueur de l’édifice en assure la stabilité et sert de support à la charpente en béton armé qui porte la couverture à faible double pente.

 

L’unité du volume intérieur est assurée par l’effacement presque total aussi bien des portiques que des nervures du mur rideau. Et le gabarit uniforme des dalles de remplissage des murs et des dalles du plafond, sans solution de continuité de la nef au chœur, accuse encore cette unité. À l’intérieur de ce volume, le chœur est cependant mis en valeur. D’abord par les quelques marches d’accès, et par sa taille qui correspond au quart de l’ensemble du vaisseau. Le double portique du chœur, légèrement plus étroit que les autres, et les portiques du chœur, beaucoup plus rapprochés que ceux de la nef, donnent aussi un effet de scène qui fait ressortir le chevet plat.

Enfin la lumière joue son rôle. La haute nef sous un plafond plat ne la reçoit que par une bande de vitraux de 2 mètres de hauteur placée immédiatement au-dessus du tiers de sa hauteur qui laisse dans la pénombre sa partie haute alors que le chœur est beaucoup plus éclairé, par les vitraux du fond sur presque toute la hauteur du chevet avec un effet de contre-jour et surtout de manière indirecte par ceux des côtés. La couleur à dominante jaune de ces vitraux latéraux, invisibles de la nef, et les lambris de travertin jaune donnent de la chaleur à ce chœur où tout, comme dans l’ensemble de l’édifice, n’est que lignes droites se recoupant à angles droits. L’architecture laissait à nu d’immenses pans de murs, celui du chevet plat du chœur, ceux de la galerie de circulation au Nord, et divers murs des chapelles.
En 1947, Robert LESBOUNIT, directeur de l’École municipale de dessin, boulevard du Montparnasse, obtint le contrat de la décoration de l’église. André AUCLAIR, professeur de dessin dans la même école l’assista. Une quinzaine de leurs élèves furent engagés sur ce travail iconographique.

 

Le noyau en était composé de jeunes artistes qui travaillaient dans la journée et fréquentaient l’école le soir. Ils allaient consacrer, pour certains, trois étés à décorer l’église.

 

La façade de l’église projetée par Éric BAGGE n’a jamais été construite. L’architecte avait prévu un baptistère et une chapelle des morts entourant de part et d’autre un clocher de 55 mètres de hauteur. Cet inachèvement était d’autant plus dommageable que l’église avait une forme inhabituelle.

 

Qui, sans en avoir été prévenu, pouvait y reconnaître une église ?

C’est en 1981 que le Père DUFOURMANTELLE, Chancelier de l’Évêché de Nanterre, demanda à Henri MARTIN, architecte D.P.L.G., d’achever la façade. Henri MARTIN proposa un décor dans l’ossature en béton. C’était la solution la plus modeste, la plus respectueuse de l’œuvre d’Éric BAGGE à partir du moment où la réalisation du projet initial était impossible. « Le matériau en serait des céramiques, voire pâtes de verre qui miroiteraient au soleil couchant ».

 

Mais quel décor ?

 

Très vite, l’idée d’un grand mouvement vertical venant de tous les horizons et convergent vers le haut – comme une prière – sous la forme d’une immense croix plut au Père COSIC, alors Curé et au Maire Henri GINOUX.

Le céramiste MOLINARO, assisté d’un confrère et de deux compagnons réalisa le projet. Les lignes, constituées de fins tuileaux de terre cuite de couleur brun foncé furent d’abord posées sur le côté de l’église puis s’élevèrent sur la façade et convergèrent en une immense croix. Leur longueur totale dépasse deux kilomètres. Puis ce fut la pose des petits éléments de pâte de verre et d’émaux de Venise au subtil dégradé.

 

La façade, portant le signe de la Croix, identifiait pleinement l’église. Il faut la voir au soleil couchant…